Dans un précédent article, j’ai parlé de votre timidité et des résonances qu’elle a sur vous. Aujourd’hui, je voudrais aller plus loin et vous montrer combien elle cache une émotion souterraine qu’on ne voudrait pour rien au monde ressentir : la honte de soi.
Tout un chacun a vécu plus ou moins ce sentiment. Consciemment dans certaines situations et inconsciemment dans d’autres.
Je viens de lire ‘La honte’ d’Annie Ernaux. Elle décrit une honte vécue consciemment où un élément déclencheur, une peur de voir la violence de son père agir sur sa mère, l’a fait basculer dans un sentiment de réalité brute et brutale. Comme un point de rupture entre ce qu’elle ne voyait pas et ce que cette violence a montré de son monde. Un fossé entre elle et son univers familial. Elle ne se sentait plus en adéquation avec ses origines.
Cette prise de conscience a des conséquences tellement difficile à assumer qu’elle vient mettre en ébullition vos émotions. Et vous allez très certainement ressentir de la honte face à des personnes dont vous préféreriez qu’elles ne sachent pas d’où vous venez. Qu’elles n’entendent pas que vos parents ont un langage grammaticalement titubant dont leurs intonations vous trahissent. Vous avez honte de vos proches et par ricochet de vous même.
La honte de soi, davantage pernicieuse, est celle que vous avez oubliée. Elle est en partie inconsciente. Vous avez oublié pour ne pas pleurer ou ne plus pleurer. Vous sentiez que cette émotion était destructrice, qu’elle annihilait votre volonté, votre désir, vos envies. Vous n’aviez d’autres choix que de la mettre en sourdine, dans une boite fermée à triple tour.
Mais pourquoi Annie Ernaux ne l’a pas oubliée et pourquoi beaucoup de personnes qui consultent la pense bénigne, sans importance sur leur développement ? Il y aurait-il un bénéfice inconscient à ne pas la percevoir ? Sans ménagement, la réponse est affirmative. Vous avez oublié cette émotion pour vous en protéger. Vous manquiez au préalable de confiance en vous, de sécurité intérieure, cette émotion vous aurait dévasté. Votre enfant intérieur n’était pas armé pour la vivre. Concernant Annie Ernaux, elle devait avoir une estime d’elle même suffisante.
Pour autant, cette émotion inonde l’adulte que vous êtes devenu, à votre insu. Elle vous prend en tenaille. Par peur d’être démasqué, vous vous êtes effacé, vous êtes devenu timide.
Dans un prochain article, je ferais un lien entre la timidité, la honte et la culpabilité !