Je reçois des enfants, des mères, des pères.
Quand l’enfant vit dans une famille dysfonctionnelle:
Il vit des agressions verbales, morales, physiques et sexuelles. Grandes seront ses difficultés à parler, à raconter son histoire. Il a honte et protège bien souvent la personne qui lui fait du mal. Et pour peu qu’il ose raconter son histoire et que le monde des adultes met en doute sa parole, c’est la catastrophe pour lui, il aura peur de raconter ce qu’il a subi et s’enfermera dans un mutisme, une perte de confiance en l’adulte. Le risque est un effondrement psychique, une perte de sens en la vie. A quoi bon si on ne me croit pas.
Des personnes se battent:
Je suis d’accord avec le juge pour enfants et fondateur de la CISIVE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), Édouard Durand, quand il dit qu’il faut croire les enfants quand ils révèlent des agressions sexuelles. Les théories de l’enfant menteur, de l’enfant stratège font le jeu de l’agresseur et ne protègent pas l’enfant. La société et surtout la justice sont malheureusement trop souvent coupable d’une non protection à l’égard des enfants et se laisse manipuler par la stratégie des agresseurs. Ce chiffre est éloquent : 70 % des plaintes déposées pour agressions sexuelles sont classées sans suite.
Dans les cas que j’ai suivis:
Les enfants m’ont été envoyées par les mères pour agression sexuelle, avec soupçon d’amnésie traumatique ou encore pour violences morales ou graves négligences. Je vais évoquer les histoires qui sont allées en justice.
J’ai constaté, qu’à chaque fois, la justice minimise la parole de l’enfant. Elle considère qu’il exagère, que ses propos sont confus, manquent de détails concrets et discrédite la véracité de ses propos. La moindre hésitation, la moindre confusion dans la narration de l’enfant et la justice s’en sert comme si toutes les révélations n’étaient pas fondées. Si l’enfant a le malheur de se tromper sur un élément, qu’il se perd dans ses propos, il aura bien des difficultés à être entendu, à convaincre. Et même si des détails sont relatés où, à mon sens, l’enfant ne peut pas inventer une fellation à 5 ans, l’argument ‘du syndrome d’aliénation parentale’ sortira du chapeau et trop souvent la justice croira cette théorie. L’enfant ment, le père est victime. La mère devient la suspecte numéro un, celle qui a influencée l’enfant pour qu’elle ait la garde exclusive.
Ce qui me sidère dans ces histoires ce sont les psychologues experts qui travaillent pour la justice et dont la parole est sacrée, déterminante. Très souvent, ils croient le père, accuse la mère et laisse l’enfant dans une détresse psychique. Ces histoires sont nombreuses malheureusement. En voici quelques exemples :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mardi-22-novembre-2022-5987955
https://www.arteradio.com/son/61676203/quand_les_peres_font_la_loi
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/justice-pour-mes-enfants-4443764
Ces mères qui osent aller en justice sont épatantes de courage, de ténacité et doivent redoubler de confiance en leur enfant pour parer aux manques de la justice et de la société.