Aurélien ‘ma mère ne m’a pas souhaité mon anniversaire’
Aurélien vient de fêter ses 43 ans. Un rictus se dessine sur son visage ; il me dit que sa mère ne s’est pas manifestée.
Pourtant toute la journée, son portable était à proximité de lui. Dès l’après midi, il a mis son téléphone sur vibreur afin, dit-il, de ne pas déranger sa famille des sonneries des messages qu’il recevait de ses ami.es.
Dès qu’il entendait son portable, il allait voir, espérant sans vraiment le ressentir que sa mère reviendrait vers lui, qu’elle ne lui ferait pas payer la distance qu’il a mis entre eux. Il a attendu toute la journée et, au fur et à mesure que les heures défilaient, il s’est résigné. Il n’a pas reçu, même un « texto froid , juste un bon anniversaire ».
Aurélien minimise l’impact qu’a eu sur lui ce reniement.
Je lui demande ce qu’il a ressenti : « je me doutais qu’elle n’allait pas me le souhaiter » « je devais être en colère ». L’avez-vous ressenti ? Il sourit « non ».
Aurélien s’est coupé de ses émotions, pour ne pas ressentir sa tristesse et sa colère.
Pourquoi ?
Toute son enfance, Aurélien a évolué dans une famille dysfonctionnelle, un père qui buvait et lui demandait d’aller acheter ses bouteilles au supermarché du village et une mère froide et autoritaire qui ne lui manifestait aucune tendresse et aucun intérêt. Elle se souciait davantage du regard des gens que de ses enfants. Un vrai gouffre émotionnel pour un enfant en construction. Aurélien s’est adapté, ne les a pas dérangés, s’est fait tout petit. Aurélien a grandi avec une souffrance énorme qu’il a bien du taire pour avancer. Il a refoulé le vide émotionnel en lui.
Malgré tout, il a réussi à construise une famille, à trouver un travail….mais….
-en minimisant ce qu’il vivait émotionnellement, il a perdu une part de lui qui s’est transformée en un manque de confiance en lui et d’estime de lui-même.
-sa grande difficulté aujourd’hui est de communiquer avec ses proches. Sa femme lui reproche son mutisme, son insensibilité. Aurélien reproduit ce qu’il a vécu, il reste seul avec lui-même, dans ses pensées, dans son mental.
Aurélien souffre d’un mal ancien que l’anniversaire a réactivité. Pendant la séance, Aurélien a pris conscience des émotions qu’il ne s’est pas autorisées à vivre le jour de son anniversaire pour encore une fois de pas déranger, ne pas poser de problème. Prendre conscience ne signifie pas ressentir. Ses émotions sont restées coincées dans sa gorge, il a retrouvé les réflexes de son enfance, stopper la grande tristesse que l’enfant en lui a vécue.
Aurélien devra petit à petit s’autoriser à vivre ses émotions pour évoluer et apaiser le petit garçon stressé qu’il est. Son asthme sévère est un symptôme significatif de son blocage émotionnel. Un jour, il respirera sans peur et sans contraintes.