J’ai subi des agressions sexuelles, je peux m’en sortir

Depuis l’affaire d’Harvey Weinstein en 2017 aux États-Unis, depuis la relance du mouvement MeToo ou le constat alarmant du rapport Sauvé, la société a ouvert les yeux sur ce qu’il convient d’appeler un fléau majeur. Un fléau qui détruit dans la chair et dans la tête celles et ceux qui ont subis les violences sexuelles. De la petite enfance, à l’adolescence mais aussi à l’âge adulte, la puissance destructrice de ces actes laisse des empreintes durables dans les psychismes des personnes. Et, d’autant plus, quand ils sont arrivés tôt dans l’enfance. De nombreux enfants subissent encore trop souvent les assauts des adultes. Les femmes ceux des hommes, les hommes rarement ceux des femmes, davantage ceux des autres hommes.

Dans mon cabinet, à peu près 80 % des personnes ont vécu ce traumatisme.

Qu’il ait été répété ou subi une seule fois, les dégâts sont considérables. L’effraction dans le corps, la domination mentale exercées par l’agresseur ont plongé l’enfant ou l’adulte dans une incompréhension et une peur effroyable. Une terreur. La détresse du moment s’est, dans bien des cas, transformée en une détresse sociale. La plupart des victimes se taisent, se sentent en faute, n’arrivent pas à mettre en mot ce vécu traumatique. Elles essaient d’oublier. Mais il n’est pas possible d’oublier complètement. Si amnésie traumatique il y a, le corps devient le pourvoyeur de la mémoire. Le corps n’a pas oublié. Il raconte à sa manière. La plupart des gens ne vont pas comprendre la personne abusée qui peut avoir de nombreux comportements autodestructeurs, antisociaux, des compulsions alimentaires… on dira de cette personne qu’elle est compliquée, qu’elle doit aller de l’avant, se bouger. Les gens ne la comprennent pas et c’est là encore tout son malheur. Isolée dans l’agression sexuelle, elle le demeure aussi dans la société.

De nombreuses conséquences psychiques touchent les personnes abusées.

Elles culpabilisent de ne pas avoir réagi, elles éprouvent de la honte et ne parlent pas. Muriel Salmona, dans son livre Le livre noir des violences sexuelles, met en exergue la sidération que vit la victime pendant l’agression. Elle est incapable de réagir, de se défendre. Quand la peur atteint son paroxysme, le psychisme casse en quelque sorte, il disjoncte et l’évènement tombe dans les eaux troubles de la mémoire. La personne pourra vivre des années, des décennies sans se souvenir de l‘évènement, jusqu’à ce qu’un jour, pour une raison ou pour une autre, quelque chose autorisera le traumatisme à reprendre vie. Elle sera alors en reconnexion avec ce qui lui est arrivé et la reconstruction pourra enfin commencer.

Il est important de se faire aider quand on a subi une agression sexuelle.

L’art-thérapie analytique que je propose est très adaptée pour ce traumatisme. Qui dit traumatisme dit difficulté à mettre en mot, à se réapproprier cette histoire que l’on voudrait mettre dans un trou. J’invite souvent les personnes à faire un croquis de la scène si elles s’en souviennent. Je les aide à retrouver les émotions, à les écrire, à réparer le sillon de la mémoire traumatique.

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