Anna : ‘j’ai grandit les bras ballants car quand je tendais la main, personne ne la prenait’.
Quand je reçois Anna la première fois, elle arrive avec un grand sourire, une bonhomie qui la rend sympathique. Âgée de 38 ans, elle est en couple. Ils ont un garçon de 5 ans. Elle se demande si elle a sa place dans mon cabinet, elle ne va pas ‘si mal’. Je lui dis qu’il n’y a pas besoin d’aller mal pour aller mieux.
Anna est attirée par son supérieur hiérarchique, très sympathique, agréable, intelligent. Elle ne sait si ‘elle se fait un film’. Elle se sent perdue. Elle a l’impression qu’il la drague mais n’en est pas sûre.
Elle décrit sa situation familiale sans problème. Pourtant après quelques séances, ses rêves parlent d’une peur à être dans une maison d’où elle cherche à s’échapper par le toit. Plusieurs fois, elle fera ce rêve sans en comprendre la signification. Elle restera à chacune de mes propositions circonspecte, ne croyant pas vraiment que l’enfant en elle a souffert de parents insécurisants. Fêtards, l’adulte qu’elle est, les perçoit, dans un premier temps, comme des ‘bons vivants’. Ils recevaient beaucoup, c’était ‘souvent la fête à la maison’.
Elle comprend petit à petit que la petite fille qu’elle était, ne pouvait compter sur eux. Elle se couchait seule et se réveillait aussi seule le lendemain matin. Et devait s’occuper de sa petite sœur.
Elle dit aussi, la larme à l’œil, qu’ils ne lui faisaient pas de câlins. L’adulte qu’elle est accepte, justifie leur défaillance mais sa petite fille garde en elle les manques de l’enfance.
Ses parents, indisponibles affectivement, l’ont asséché émotionnellement. Sa peau qui souffre de sécheresse et de rougeur en est le marqueur.
Ses bras qui ont réclamé sans recevoir sont restés ballants à force de déception.
Anna cherche à tout pris réparation. Son directeur, gentil et attentif, ouvre la porte à ce qu’elle attend au plus profond d’elle, la réparation inconsciente de sa petite fille intérieure.
Elle comprend que cet homme ne l’a pas dragué.
Anna va cheminer une année en thérapie qu’elle arrêtera (disant qu’elle la reprendra plus tard) quand d’autres questions viendront la tourmenter.
Anna a commencé à éclaircir son histoire dont les eaux troubles restent profondes et inconscientes.
Le refoulement a protégé la petite fille d’une souffrance qu’Anna, adulte, ressent sans véritablement comprendre ses véritables causes.